Created equal

Ça fait un bon moment que je tourne, comme tout le monde j’imagine. 

Il faudrait dire quelque chose, mais est-ce que je suis légitime ? 

Est-ce que j’ai vraiment quelque chose de plus à dire que les autres ? 

Non, certainement pas. Je n’ai rien à dire de plus que tous ceux que j’ai relayés depuis plusieurs jours sur mes réseaux sociaux. 

Mais je dois le dire aussi, je dois le répéter moi aussi, changer un peu la formulation pour la faire mienne, pour dire mon refus d’un monde de haine et de traitement différencié. Ma volonté de vivre dans un monde d’entre-aide et de paix, où personne n’aurait peur de son voisin, où nous serions tous libres d’être nous-mêmes et tous citoyens sur un pied d’égalité, dans une atmosphère de respect et d’écoute mutuelle.

Et il faut encore se battre pour ça.

Mais moi, j’ai plutôt envie de pleurer, et je ne sais pas avoir de pensée claire. Je veux crier de l’injustice, de l’indicible émotion que ce genre d’injustice suscite en moi. Parce qu’on m’a élevé dans l’amour. Et l’amour, ce n’est pas ce que nous font croire les applications de rencontre, ou les théories de développement personnel à l’emporte-pièce. L’amour c’est cette faculté de l’être humain à tendre à un universel. Cette faculté que nous avons tous à savoir pour quoi donner notre vie. Pour quoi vivre notre vie, et tendre à l’osmose, la paix totale et complète. Et sans pourquoi. On ne répond pas à « pourquoi tu m’aimes ? » sinon, on n’aime pas. On aime parce que c’est ainsi. Parce qu’on l’éprouve. On aime aussi les erreurs, les faux pas, on aime aussi ce qui ne nous plait pas, quand on aime. Parce qu’on ne cherche pas à changer l’autre, on veut l’aider à être lui-même, à faire son chemin à lui. Pas en essayant d’écraser l’altérité, ou d’avoir « plus raison » qu’autrui, ou de s’enfermer dans de pseudo-certitude ou conceptions, bâties par l’amertume et l’incompréhension. Alors comment ? En commençant par le respect, l’écoute, l’ajustement, la reconnaissance de soi en l’autre, et réciproquement. C’est arpenter le monde main dans la main, être une épaule, se sentir égaux et reconnus, entendu dans notre vérité, notre sentiment. Mais pour ça, il faut aussi accepter de se livrer, n’est-ce pas ? Parce qu’au fond, cette nécessité de pouvoir, cette peur, cette volonté de domination, c’est d’abord une terreur de se remettre en cause, de s’avouer fragile, plein de doute, d’incertitude. Vous ne croyez pas ? 

Mais je digresse. Ou peut-être pas… Peut-être que tout est lié, que c’est ma vision de la vie qui est étrange, simpliste, digne d’une licorne… Pour moi, un être est un être, on doit l’écouter, lui tendre la main. Parce qu’il est une pièce importante de l’univers, parce que nous sommes tous des pièces importantes de l’univers, que ça nous plaise ou non. Parce qu’il faut aimer son prochain plus que soi-même, puisque nous sommes tellement incapables de nous aimer nous-mêmes…! 

Mais sommes-nous également incapables de penser « au détail » ? De voir l’universel ? Ce serait terrible. Sommes-nous devenus incapables de considérer des individualités ? De ne pas penser en masses ou rapports de forces ? De ne pas penser d’abord par réaction, donc par haine ou par peur, ce qui au fond, est la même chose… Sommes-nous à ce point où nous pensons d’abord par catégories, et en suite, éventuellement, si nous jugeons cela valable, nous écouterons l’individu ? Sommes-nous au point de juger avant tout, en présupposé de tout, seul, sans débat ni justice ? J’ai l’impression d’avoir déjà écrit ces phrases mille fois : J’ai l’impression d’avoir déjà écrit ces phrases mille fois : Bleu, Qui veut savoir ?, tout le recueil La plupart se taisaient… Oui, je souscris et proclame encore ce que j’y ai mis en exergue :

« (…) Le récit racial n’est jamais loin du délire. Personne n’osait commenter, tous regardait ailleurs, moi je regardais d’en bas, silencieux comme toujours assis sur un tabouret à ma taille. Dans l’air confit du salon d’hiver il déroulait d’un ton gourmand son théâtre des races, et il nous fixait, tour à tour, voyant à travers nous, entre nous, l’affrontement sans fin de figures anciennes. Je ne sais pas de quel peuple je descends. Mais peu importe, n’est-ce pas ? Car il n’est pas de race. N’est-ce pas ? Elles n’existent pas ces figures qui se battent. Notre vie est bien plus paisible. N’est-ce pas ? Nous sommes bien tous les mêmes. N’est-ce pas ? Ne vivons-nous pas ensemble ? N’est-ce pas ? Répondez-moi. »

Alexis Jenni, L’Art français de la guerre.

Ci-après un florilège spécial #BlackLivesMatter que je vous partage (par ordre alphabétique des titres) :

Si vous avez d’autres idées, dites-moi, j’ajouterai avec plaisir.

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