Lectures

Bonjour ! Ça fait un petit moment que je ne vous ai pas partagé mes lectures ici… Il faut dire que j’ai été prise pas de nombreuses paperasses, des projets divers… 😉 Voilà donc un résumé de ce que vous avez manqué si vous ne me suivez pas sur instagram !

Vivre avec nos morts,
Delphine Horvilleur,
éditions Grasset.

Ces fragments de vies, ces récits de disparitions et de souvenirs sont si bien retranscrits dans leur dimension intime qu’ils touchent à l’universel. D’une part, on voyage à travers la conception juive de l’après-vie et des inhumations, et l’on se rend compte du si grand nombre d’échos qui existent entre les traditions. D’autre part, ce récit personnel, subjectif, d’une grande sensibilité, qui présente chaque disparition comme un déclic, une pierre portée à l’édifice de soi-même, et pousse le lecteur dans ses propres souvenirs, ses propres hommages. Je ne pourrais en dire plus, c’est avec beaucoup d’émotion et de gratitude que j’ai refermé ce livre, qui m’a finalement tant appris sur moi-même. Il est aussi un manifeste pour rétablir la mort au sein de la vie, savoir la voir et la saluer, ce que beaucoup on désapprit à faire. Personnellement, j’ai une culture de fréquentation de cimetière et de veillée mortuaire (on est méditerranéenne où on ne l’est pas…) et c’est effectivement un point d’achoppement régulier avec nombre de connaissances… Ils sont si éloignés de ces considérations, si plongés dans la négation de la fin de vie qu’ils cultivent une phobie croissante et une grande quantité de deuils en suspens… C’est donc, il me semble, aussi un ouvrage socialement important.


Le musée des redditions sans condition,
Dubravka Ugrešić,
Fayard

Préparez vous à un voyage en kaléidoscope, qui nous fait naviguer de souvenirs en souvenirs comme dans un musée poussiéreux dont on ne saisirait pas pleinement la langue. Le musée des redditions sans condition est un récit fragmentaire et fragmenté, pour parler d’un pays et d’une histoire qui l’est tout autant. Une langue habile qui décrit parfaitement des atmosphères multiples, allant de l’émerveillement à la nostalgie en passant par l’incompréhension. Je sais maintenant pourquoi on m’a souvent dit qu’il s’agissait du meilleur livre traitant d’exil et de mémoire. Il l’est. Je le recommande à 300%. (Il faut cependant avoir quelques connaissances de l’histoire yougoslave pour en profiter pleinement, mais rien qui ne se trouverait pas aujourd’hui sur une page Wikipedia)


Pourquoi le football ?
Stéphane Floccari,
Les belles lettres.

Vous êtes littéraire ? Philosophe ? Et vous aimez le football ou vous vous demandez ce que ce sport a de si particulier ? Ce livre est pour vous ! Mêlant les grands noms et faits d’armes de l’histoire footbalistique et philosophique, Stéphane Floccari nous livre chez @lesbelleslettreseditions un ouvrage particulièrement riche sur ce thème populaire et souvent négligé par les penseurs. Je recommande si vous vous souvenez encore très bien de vos cours de philo.


Habitant de nulle part, originaire de partout,
Souleymane Diamanka,
Points

GROS COUP DE 🧡 j’aimais déjà beaucoup Souleymane Diamanka en tant que poète « vocal » (cherchez sur Spotify/Deezer/Là-où-il-y-a-de-la-musique… si vous ne connaissez pas) mais ce recueil de poésie arrive à transmettre cette si particulière et admirable énergie de paix et de sérénité, cette atmosphère chaleureuse et enveloppante, et c’est un tour de force. Souleymane Diamanka vous fait voyager, vous fait ressentir, vous fait vibrer avec lui, avec les sonorités qu’il sait si bien assembler. Un recueil à lire à voix haute, en savourant chaque lettre…


R.U.R. Rossum’s Universal Robots,
Karel Čapek,
Éditions la Différence

Vous le savez, j’aime la littérature d’Europe centrale (noooon, c’est vrai Marie ? On ne savait pas du tout !) et j’aime Karel Čapek, le grand auteur tchèque du XXe siècle (gros coup de cœur : Le Châtiment de Prométhée et autres fariboles, chez @editionsnoirsurblanc) qui frappe toujours par sa culture, sa pertinence, sa finesse de regard sur l’espèce humaine et la fluidité de sa langue.
Cette pièce, écrite dans les années 20, nous interpelle sur l’humanité, le progrès, le concert des nations, les guerres perpétuelles, l’utopie, la volonté de pouvoir… On sent une veine qui donnera par exemple « Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » (Brecht, 1930), il y a la question de la révolte comme dans « Les Justes » (Camus, 1939) le tout avec un zeste de Zweig et de Kafka (et peut-être même de Barjavel ou d’Orwell), et dans nos esprits les images de Metropolis (Fritz Lang, 1927). Vous l’aurez compris je recommande vivement avec les sonorités qu’il sait si bien assembler. Un recueil à lire à voix haute, en savourant chaque lettre…


Adieu ma honte,
Ouissen Belgacem, avec Éléonore Gurrey,
Fayard

Un coup de cœur encore ! Un livre témoignage, plein de pudeur et de sentiments. Ouissem nous raconte avec tendresse et sincérité son parcours de gamin de cité aixoise, footballeur de haut niveau, gay refoulé, torturé par sa propre identité, sa honte d’être lui-même. Cet ouvrage n’est pas là pour faire pleurer dans les chaumières mais pour faire changer les choses. C’est une déclaration au monde d’une totale sincérité, dans une langue juste et mesurée, qui révèle l’homophobie latente, omniprésente, banale et les traumas qui en résultent. Le ton n’est pas vengeur ni hargneux, c’est simplement celui d’une vérité vécue, d’une pierre apportée à l’édifice d’une société plus tendre. Comme aurait dit Tzara « je me vide devant vous poche retournée » et c’est bien ainsi qu’on touche à l’universel.


Femme du ciel et des tempêtes,
Wilfried N’Sondé,
Actes Sud

Wilfried N’Sondé signe à nouveau un roman profond, mêlant histoire, croyances ancestrales et monde contemporain. Ici on déroule une histoire mystique entre peuple Bakongo et Sibérie, entre chamanisme et industrialisation sauvage, détruisant écosystème et humanisme. Vous le comprenez, Femme du ciel et des tempêtes est un grand roman écologiste (et féministe), un texte prenant et sensible comme une séance de méditation, intriguant comme une cérémonie magique, angoissant par moment, comme un thriller sur la mafia russe…


Enfant de salaud,
Sorj Chalandon,
Grasset

Sorj Chalandon signe (encore) un ouvrage particulièrement puissant. Dans Enfant de salaud, il déboulonne le père, il déboulonne les mythes de l’histoire française, il cherche à nous faire nous regarder en face, loin des légendes et des mensonges que chacun se crée, pour que nous puissions enfin tenter d’être humain. Un grand roman qui ne saurait, donc, se résumer à la lecture croisée du procès de Klaus Barbie et de la quête d’un homme voulant « tuer le père ». Il y a énormément de tendresse, de combats et de résignations, de douleur, de force et de courage. il y énormément de vie dans ce récit que j’ai lu pratiquement d’une traite.

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