Lectures Été 2020

Le dernier juif d’Europe de Joann Sfar ! Une fois ouvert on ne le lâche plus, c’est drôle, intelligent, plein de clins d’œil et de sous-entendus. Une lecture qui réveille le cerveau et rend (peut-être un peu paradoxalement) joyeux.

Atiq Rahimi nous propose un carnet poétique, L’invité du miroir. C’est (comme toujours avec cet auteur) une œuvre qui vous hante, qui s’inscrit en vous. Il convoque ici tout l’imaginaire, de l’occident et de l’orient, toutes les images du Rwanda que l’on peut se faire, pour construire un récit d’une grande sobriété, d’une grande dignité qui tient plus de l’universel que du particulier. Ce qu’il dit du génocide, peut-être indicible, peut-être montrable, c’est avant tout (je pense) qu’il peut être dit et montrer, mais toutes productions laisseront le goût amer de ne pas avoir été complet, pas avoir été assez juste, ne pas se faire comprendre tout à fait. Je crois que c’est cela le message central de cet ouvrage.

Vous cherchez un conte enchâssé dans un conte, qui parlerai d’une identité hybride, de la quête d’un rêve et d’un ailleurs ? Hé bien le Piano Oriental de Zeina Abirached est fait pour vous ! Avec une grande délicatesse et de très belles illustrations nous parcourons plusieurs décennies libanaises peuplés de personnages haut en couleurs et attachants.

Il n’y a aucun espoir. La question n’est pas là. On sent dès le début que l’on sombre au plus sombre de l’humain, là où l’homme est au delà du loup pour l’homme. La nausée se mélange à la mystique des animaux qui narrent ce récit. Car ce sont eux, les témoins distants, extérieurs, des drames de ces fourmis orgueilleuses qu’on appelle « humains ». Ils sont les totems de chaque séquence, dotés de leur propre phrasé, venus délivrer une partie spécifique de l’histoire du narrateur. Cet homme qui leur semble hybride, sa traque qui semble hors des règles humaines… Nulle part on ne peut s’identifier à l’homme, il nous est étranger. On refuse de s’identifier, rien en lui n’est humain. On circule de trauma en trauma, comme si une guerre sans fin se livrait au sein de l’espèce humaine, au sein de chacun de nous, que les souvenirs rebondissent les uns sur les autres, sans espoir de salut ou de réponse. C’est un véritable tour de force que nous livre Wajdi Mouawad dans ce récit polyphonique et plurilingue, au sein d’une nuit qui n’aurait jamais d’aube. Je referme ce livre avec une phrase en tête : « pourquoi demandes-tu de la clarté, toi qui gardes les yeux clos ? » j’aurais aimé citer un auteur connu… mais ce n’est que moi…

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