Lectures (nov. et déc. 2021)

🖋 Mohamed Mbougar Sarr
📖 La plus secrète mémoire des hommes
📚 Éditions Philippe Rey en partenariat avec Jimsaan
🛍 capturé à la Librairie La Suite (Versailles)

C’est un livre duquel on a peur de parler. On craint que ce livre prenne pour un affront la pauvreté de nos mots apposés sur son existence. Parti en quête de littérature on découvre la vie entière, les pensées, les errements, les pourquoi qui ne sont jamais que des parce que, ou des pourquoi pas… Ce n’est pas un récit, c’est un océan dans lequel se noyer, plus que se plonger, pour aller avec lui au gré de ses courants et se découvrir soi-même, dans l’émerveillement hypnotique qu’il produit. Très vite, on se fiche de savoir si tout cela est réel, fictionnel, ou entre les deux. Comme chez Borges notre âme s’offusque « tout est faux et tout est vrai, puisque c’est inventé. » C’est un livre dont je ne parlerai pas, que je vous invite à arpenter.
Et de grâce, comme le professe l’auteur, cesser de demander de quoi parle les livres ! Un livre ne parle de rien, il découvre quelque chose, et peut-être ne découvre-t-il rien d’autre que vous-mêmes, habile collage de cultures et influences, comme ce mystérieux « Labyrinthe de l’inhumain »…


🖋 Chimamanda Ngozi Adichie
📖 Notes sur le chagrin
📚 Éditions Gallimard

Un livre très sobre et digne qui permet à l’autrice de nous partager son processus de deuil et les souvenirs de son père, personnage central de son identité. Je pense que ce bref ouvrage peut être très thérapeutique pour certaines personnes qui auraient du mal à traverser la perte d’un être cher, et c’est une mission énorme pour un livre !


🖋 Collectif
📖 Noire n’est pas mon métier
📚 Points

30 ans après la bataille, j’ai enfin lu « noire n’est pas mon métier » un ensemble de témoignages du racisme et des discriminations (doubles) que rencontrent les femmes noires dans le spectacle vivant, et les actrices en particulier. Un livre important pour faire bouger les lignes et se rendre compte notamment (à mon avis) de biais d’érotisation exotique et de racisme ordinaire qui sont si présents dans nos cerveaux. Ce qui ressort également de cet ouvrage, c’est la terreur des « faiseurs » de contenus audiovisuels (créateurs, producteurs, etc.) de faire place à la représentation d’une société cohérente avec la réalité française. Comme cela est scandé à plusieurs reprises : on voit des noirs dans tous les corps de métiers, mais à l’écran, aucun. Illogique, inacceptable. (Et bien sûr cela vaut pour n’importe quelle « minorité » qui ne serait pas blanche, avec accent parisien et silhouette très standardisée)
L’ensemble des textes évite avec brio la posture victimaire, et donne au contraire de véritables modèles de force et de droiture aux générations présentes et futures. Merci mesdames 🙏🏼


🖋 Collectif (anthologie réunie par András Kányádi)
📖 Échec et mat
📚 Cambourakis

C’est un travail remarquable qu’à accompli András Kányádi en réunissant, choisissant et traduisant/faisant traduire ces nouvelles. Nous découvrons ainsi un panorama de styles et d’auteurs très variés, tous liés par la présence du jeu d’échec, figure littéraire importante chez les plumes hongroises. Cet ouvrage permet de découvrir des écrivains peu ou pas connu, d’envisager plusieurs aspects symboliques du damier et d’avoir un aperçu de la culture magyare. Je recommande donc, pour les férus d’Europe centrale et de ses littératures 😊


🖋 Alexandre Romanès
📖 Un peuple de promeneurs
📚 Gallimard (NRF)

Ce recueil de poésie en vers libres évoque des anecdotes et des leçons de vie de la communauté Rrom. Avec simplicité, humour, densité et mesure l’auteur nous embarque dans ses souvenirs et nous transmet beaucoup de sagesse. Tous les sujets y passent, sans concession ni complaisance : mariage, relations avec les forces de l’ordre, musique, cirque, racisme, etc. C’est un ouvrage à lire, à feuilleter, à méditer.

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